Gaza : plus d'un million d'enfants privés d'aide vitale depuis plus d'un mois

L’aide humanitaire reste bloquée, au mépris du droit international humanitaire, entraînant des conséquences désastreuses pour les enfants.

© UNICEF/UNI767014/Nateel
Alma, 2 ans, pendant son repas.

Le blocus de l’aide humanitaire engendre de terribles conséquences pour un million d’enfants dans la bande de Gaza.

Depuis le 2 mars 2025, aucune aide n’a été autorisée à entrer dans la bande de Gaza. Il s’agit du plus long blocage de l’aide humanitaire observé depuis le début de la guerre. Cette situation entraîne des pénuries de nourriture, d’eau potable, d’abris et de matériel médical. Sans ces produits essentiels, la malnutrition, les maladies et d’autres affections pouvant être prévenues risquent de se multiplier, entraînant une augmentation du nombre de décès infantiles évitables.

« L’UNICEF dispose de milliers de palettes d’équipements humanitaires en attente d’être acheminées dans la bande de Gaza », a déclaré Edouard Beigbeder, directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « La plupart de ces équipements sont vitaux, pourtant, au lieu de sauver des vies, ce matériel reste stocké. Il doit être autorisé à entrer immédiatement. Il ne s’agit pas d’un choix ou d’un acte de charité, mais d’une obligation en vertu du droit international ».

Les enfants qui sont traités pour malnutrition sont en grand danger. 21 centres de traitement, soit 15 % du total des centres de soins ambulatoires, ont fermé depuis le 18 mars 2025 en raison d’ordres de déplacement ou de bombardements. Les 350 enfants qui dépendent de ces centres sont maintenant confrontés à une aggravation de leur état de malnutrition, qui constitue un danger potentiellement mortel.

Les aliments complémentaires pour nourrissons, essentiels à la croissance lorsque les réserves alimentaires sont faibles, sont épuisés dans le centre et le sud de Gaza. Il reste juste assez de lait maternisé prêt à l’emploi pour nourrir 400 enfants pendant un mois. L’UNICEF estime que près de 10 000 nourrissons de moins de six mois ont besoin d’une alimentation complémentaire. Sans lait maternisé, les familles pourraient être contraintes d’utiliser des alternatives mélangées à de l’eau insalubre.

Outre les services de nutrition, l’UNICEF a été contraint de réduire ses activités de soutien psychologique et psychosocial, de sensibilisation aux dangers des mines et de gestion des cas relevant de la protection de l’enfance en raison des hostilités en cours et des déplacements massifs de population.

Durant la période de cessez-le-feu, l’UNICEF avait entrepris de réparer les puits et points d’eau essentiels afin d’accroître la disponibilité en eau potable. Depuis la fin du cessez-le-feu, beaucoup n’ont toujours pas été réparés ou risquent d’être davantage endommagés. Dans le nord, les familles dépendent désormais entièrement des camions-citernes. Dans les régions du centre et du sud, la production d’eau a été réduite de 85 %, la principale canalisation d’eau a été endommagée et il est impossible d’y accéder pour la réparer. L’accès à l’eau potable pour 1 million de personnes, dont 400 000 enfants, est passé de 16 litres par personne et par jour à seulement six litres. Si le carburant vient à manquer dans les semaines à venir, ce chiffre pourrait tomber en dessous de 4 litres, obligeant les familles à utiliser de l’eau insalubre, ce qui augmenterait le risque d’épidémies, en particulier chez les enfants.

Le blocus a également empêché l’UNICEF de livrer des kits de loisirs inclusifs destinés à 1 000 enfants en situation de handicap.

« Pour le bien de plus d’un million d’enfants dans la bande de Gaza, nous exhortons les autorités israéliennes à veiller, au minimum, à ce que les besoins fondamentaux de la population soient satisfaits, conformément à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire », a déclaré Edouard Beigbeder. « Cela implique d’assurer aux familles un approvisionnement en nourriture, médicaments et autres fournitures essentielles à leur survie, conformément à leurs obligations légales ».

Malgré une situation extrêmement difficile, l’UNICEF et ses partenaires maintiennent leur présence essentielle, dispensant de nombreux services tels que :

  • La reprise des services de soins néonatals dans le nord – notamment grâce à la fourniture de 21 respirateurs destinés à sauver 150 nouveau-nés ;
  • L’amélioration de l’accès à l’eau potable pour des centaines de milliers de personnes ;
  • Le traitement et la prévention de la malnutrition, avec la distribution d’aliments complémentaires prêts à l’emploi (RUCF) à plus de 7 800 enfants de moins de 2 ans et le dépistage de la malnutrition aiguë chez plus de 33 500 enfants ;
  • La prévention des risques de séparation familiale ; plus de 300 enfants ayant été réunis avec leurs parents après avoir été séparés par des ordres de déplacement et des frappes intenses.

L’UNICEF continue d’appeler les parties au conflit à cesser les hostilités et à rétablir le cessez-le-feu. L’aide humanitaire et les marchandises commerciales doivent pouvoir entrer et circuler librement dans la bande de Gaza. Les enfants malades et blessés doivent être évacués pour recevoir des soins médicaux. Les civils, y compris les enfants et les travailleurs humanitaires, ainsi que les infrastructures essentielles restantes doivent être protégés, et les otages doivent être libérés.

L’UNICEF exhorte également les États influents à user de leur pouvoir pour contraindre les parties à mettre fin au conflit et à faire respecter le droit international, notamment le respect et la protection spécifiques dont doivent bénéficier les enfants touchés par les conflits armés.

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