Coopération internationale: réduire le budget aux frais de l'avenir des enfants dans le monde?

Le Parlement doit décider durant la session d’hiver 2024 du crédit-cadre de la stratégie de la Coopération internationale (CI) ainsi que du projet de budget. Ces décisions auront des conséquences importantes pour la coopération internationale et les prestations humanitaires de la Suisse.

© UNICEF/UNI578147/Pouget
En Ethiopie, un pays touché par la sécheresse, le manque d’eau contraint des enfants comme Bill et son ami Tesfalegn à boire de l’eau douteuse, ce qui cause des maladies graves, souvent mortelles, comme le choléra.

Une réduction de l’engagement humanitaire n’est pas seulement désastreuse pour les enfants et leur développement; elle entame aussi la position politique de la Suisse sur la scène internationale.

La coopération internationale est efficace

L’UNICEF et ses organisations partenaires internationales et nationales ont obtenu ces dernières années des réussites remarquables, en partie grâce au soutien de la Suisse: les initiatives visant à encourager une agriculture durable et à améliorer les conditions environnementales ont contribué à terme à la stabilité et à la sécurité alimentaire, ce qui revêtait une importance majeure, tout particulièrement pour les enfants vivant dans des régions rurales et pauvres. Ainsi, depuis 1990, 47 millions de personnes ont pu échapper chaque année à l’extrême pauvreté. Les programmes réalisés ont contribué à réduire la malnutrition et les problèmes de santé qu’elle entraîne. Le nombre des enfants de moins de cinq ans sous-alimentés de manière chronique a pu être abaissé, passant de 200 millions en l’an 2000 à 148 millions en 2022. Des programmes spécifiques visant à encourage la formation scolaire des filles ont permis de réduire le fossé entre les sexes dans le domaine de l’éducation et d’accroître le taux d’alphabétisation. Ainsi, alors que 87 pour cent des enfants de la planète savaient lire en l’an 2000, leur proportion a augmenté pour atteindre 92 pour cent en 2020.

La Suisse a des obligations envers les enfants

La Suisse a ratifié en 1997 la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant. Elle s’est engagée ainsi à protéger, encourager et inclure d’égale manière tous les enfants de la planète.

Il serait désastreux de réduire encore davantage les moyens déjà très serrés que le Conseil fédéral prévoit dans son projet de «Stratégie de coopération internationale 2025 à 2028» et avec lesquels l’aide à l’Ukraine devrait être également financée, au détriment du Sud global. Ceci n’affecte pas seulement la santé et la formation scolaire des enfants dans l’immédiat mais a aussi des répercussions à long terme sur leur développement, leurs familles et les sociétés dans lesquelles ils grandissent. Les coupes budgétaires conduisent à une réduction de l’implantation durable des services de santé et des programmes de vaccination dans les pays en développement. Ceci favorise une hausse de la mortalité infantile et de la fréquence des maladies évitables. Des moyens financiers réduits signifient moins de ressources pour promouvoir durablement les écoles, la formation du personnel enseignant et la conception d’outils d’enseignement. Ceci conduit à une détérioration de la formation scolaire et à une diminution des taux de scolarisation. Les coupes dans les programmes sociaux entraînent un affaiblissement des filets de sécurité, ce qui affecte particulièrement les enfants issus de familles pauvres.

Finalement, à terme, le développement économique et social d’un pays est compromis quand une génération entière grandit sans bénéficier de possibilités suffisantes en matière de santé et de formation scolaire. Des moyens financiers insuffisants pour la coopération internationale menacent les chances d’avenir et le bien-être de millions d’enfants et sapent les efforts en vue d’un développement global durable.

Une réduction du budget de la coopération internationale n’est pas dans l’intérêt de la Suisse

Un budget trop bas pour la coopération internationale a pour effet que la Suisse, à l’avenir, ne pourra jouer qu’un petit rôle secondaire sur la scène internationale en ce qui concerne les solutions apportées aux défis mondiaux tels que le changement climatique, la guerre, les déplacements de population, la corruption et les épidémies. En même temps, la Suisse serait de plus en plus perçue comme une «profiteuse» en ce qui concerne la construction commune de la sécurité globale, de la prospérité et de la garantie de l’avenir.

La Suisse peut être fière de ses prestations humanitaires. En optant clairement pour une coopération internationale forte, elle contribue à bâtir un monde plus sûr, plus juste et plus durable. La coopération au développement et l’aide humanitaire ne sont pas de pures activités de bienfaisance mais font partie d’une politique de l’avenir active et clairvoyante.

UNICEF Suisse et Liechtenstein demande donc au Parlement de se mobiliser en faveur d’une coopération internationale forte et de garantir que l’engagement financier de la Suisse ne diminuera pas. La Suisse pourra ainsi continuer d’apporter pour tous les humains et en particulier pour les enfants une contribution importante en vue d’un monde plus sûr, plus inclusif et meilleur, assumant ainsi sa responsabilité politique à l’échelon mondial.