Dans un rapport qui devrait alerter toutes les capitales européennes, l'UNICEF avertit aujourd'hui que le suicide constitue la deuxième cause de décès chez les jeunes en Europe. Seuls les accidents de la route sont plus meurtriers chez les personnes âgées de 15 à 19 ans.
Alors que la COVID-19 continue de faire des ravages dans nos vies, une étude européenne de la publication phare de l'UNICEF "Le rapport sur la situation des enfants dans le monde - Dans ma tête" - livre une analyse des tendances affectant les enfants et examine la santé mentale et le bien-être des enfants et des jeunes en Europe. Ce faisant, elle fournit à la fois des données inquiétantes sur le stress que subissent les jeunes mais également des recommandations claires à l'intention des gouvernements de toute l'Europe et des institutions de l'Union européenne.
«La pandémie de COVID-19 a mis en évidence certains facteurs qui mettent notre santé mentale en danger : l'isolement, les tensions familiales, la perte de revenus», a déclaré aujourd'hui SAR la reine Mathilde, la Reine des Belges, lors de la présentation de l’étude de l'UE à Bruxelles. «Trop souvent, ce sont les enfants et les jeunes qui font les frais de ces situations. Nous devons investir du temps, des efforts et faire preuve d’engagement dans le renforcement et l'amélioration de nos systèmes sociaux et de santé afin de permettre à chaque enfant d'accéder à un bien-être mental et à une enfance heureuse.»
Le rapport révèle également que 19 % des garçons européens âgés de 15 à 19 ans souffrent de troubles mentaux, suivis par plus de 16 % des filles du même âge. Neuf millions d'adolescents en Europe (âgés de 10 à 19 ans) vivent avec des troubles mentaux. Dans plus de la moitié des cas, ils sont alimentés par l’anxiété et la dépression.
«Si l'analyse européenne présente un tableau assez sombre, elle apporte également des recommandations très précises", a déclaré Geert Cappelaere, représentant de l'UNICEF auprès des institutions de l'Union européenne. «Nous savons maintenant que le coût de l'inaction est élevé - en termes de vies humaines, à l’échelle des familles et des communautés et financièrement. Mais nous savons aussi que les gouvernements nationaux, les institutions de l'UE, les familles et les écoles peuvent intervenir sur le terrain. C'est sur ces points que nous devons nous concentrer.»
Les nouvelles analyses réalisées par l’étude européenne sur « La situation des enfants dans le monde - Dans ma tête » indiquent que la perte annuelle en capital humain résultant des conditions générales de santé mentale en Europe chez les enfants âgés de 0 à 19 ans se chiffre à 50 milliards d'euros*.
Quotas des jeunes :
«Ce rapport arrive à un moment crucial pour les enfants et les jeunes, il fait état d'une crise qui s'est malheureusement développée, mais je crains encore davantage ce qui va suivre. Cette crise est aggravée par la pandémie. Les décideurs politiques et les adultes ont la possibilité de faire quelque chose maintenant. Investissez en nous maintenant, avant qu'il ne soit trop tard. Ne soyons pas la génération perdue de la COVID». (Erika, 17 ans, Irlande)
«Les écoles ne devraient pas se limiter aux études et à l’apprentissage, elles sont aussi des lieux où nous pouvons apprendre à construire des sociétés saines. Des programmes permettant une discussion ouverte avec nos pairs à propos de ce qui nous préoccupe ou sur notre bien-être existent et fonctionnent au sein des écoles. Nous avons des solutions, nous avons juste besoin qu'elles soient priorisées et mises en œuvre efficacement.» (Elliott, 16 ans, Irlande)
«La pandémie de COVID-19 est aussi une urgence de santé mentale qui a des effets sur les enfants et les jeunes dans toute l'Europe", a déclaré la Commissaire européenne Stella Kyriakides. "Une véritable Union européenne de la santé permettra d'investir là où c'est le plus nécessaire : pour promouvoir une santé mentale positive et l'accès à un soutien pour nos enfants - l'avenir de l'Europe.»
Outre les investissements dans des soins de qualité aux enfants, la parentalité et les mesures favorables aux familles dans tous les secteurs, l'UNICEF identifie 5 interventions prioritaires clés pour les institutions européennes et les gouvernements nationaux :
1/ soutenir les interventions visant à faciliter l’accès des groupes vulnérables aux services de santé mentale et améliorer les infrastructures régionales ;
2/ inclure l'accès aux services de santé mentale dans les plans d'action nationaux, y compris les possibilités offertes par les technologies numériques et en ligne pour réduire les lacunes dans l'accès au soutien de la santé mentale ;
3/ Proposer des programmes à l'école pour sensibiliser les adolescents et leur permettre de faire face à leurs émotions ; intégrer des services de conseil en santé mentale ; former les enseignants et le personnel ; créer des espaces sûrs pour que les enfants puissent discuter et partager. Compléter par des programmes de parentalité positive qui préviennent la violence domestique. L'UE devrait soutenir l'initiative "Safe to learn" (apprendre en toute sécurité) destinée à mettre fin à la violence dans et par les écoles, afin que les enfants puissent apprendre, s'épanouir et poursuivre leurs rêves en toute liberté.
4/ Prévoir des ressources suffisantes pour former les travailleurs de la santé et les travailleurs sociaux à la santé mentale afin de soutenir les services destinés aux enfants en déplacement.
5/ intégrer des actions ciblées sur la santé mentale et le bien-être psychosocial dans l'aide publique au développement consacrée au développement humain ainsi que dans les programmes humanitaires de préparation, de réponse et de rétablissement pour répondre aux besoins de toutes les populations touchées par les urgences, y compris la protection des enfants pendant les crises humanitaires.