Les tentatives de suicide, les problèmes psychiques, le surpoids ainsi que des connaissances scolaires insuffisantes marquent, selon l’UNICEF, la vie de trop d’enfants dans les pays industrialisés prospères.
Tel est le résultat du nouveau Bilan établi par le Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF. L’UNICEF met aussi en lumière les dangers que représente la pandémie de Covid-19 pour le bien de l’enfant. Les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège occupent les trois premières places en ce qui concerne le bien-être de l’enfant parmi 41 pays de l’OCDE et de l’UE. La Suisse se positionne au 4e rang.
Pour le rapport intitulé «Worlds of Influence: Understanding what shapes child well-being in rich countries» («Les facteurs d’influence – ce qui détermine le bien-être des enfants dans les pays riches»), on a évalué des données nationales comparables de 41 pays de l’OCDE et de l’Union Européenne se rapportant à la santé psychique et physique des enfants, à leurs compétences scolaires et sociales ainsi qu’aux conditions cadre de la société.
«Un grand nombre des pays les plus riches du monde qui ont des ressources suffisantes à disposition échouent, quand il s’agit de permettre à tous les enfants de vivre leur enfance dans de bonnes conditions», déclare Gunilla Olsson, directrice du Centre Innocenti de l’UNICEF. «Si les gouvernements ne réagissent pas rapidement avec détermination et que la protection des enfants ne fait pas partie de la réponse à la pandémie de Covid-19, nous devons nous attendre à une augmentation des taux de pauvreté, à une détérioration de la santé psychique et physique et à un fossé croissant en ce qui concerne les qualifications des enfants. Le soutien apporté aux enfants et à leurs familles durant la pandémie de Covid-19 est très insuffisant. Il faut faire davantage – maintenant – pour permettre aux enfants de vivre leur enfance dans de bonnes conditions et en sécurité.»
Principaux résultats du rapport de l’UNICEF
- Santé psychique: dans la plupart des pays examinés, moins de 80 pour cent des filles et des garçons de 15 ans indiquent être satisfaits de leur vie. C’est en Turquie que la proportion est la plus faible (53 pour cent), puis au Japon et en Grande-Bretagne. En Suisse, selon cette étude, près de 82 pour cent des filles et des garçons ont un degré de satisfaction élevé concernant leur vie. Les enfants qui reçoivent peu de soutien de la part de leurs familles ou qui souffrent de harcèlement se sentent psychiquement nettement moins bien. C’est la Lituanie qui connaît le taux de suicide le plus élevé parmi les jeunes – c’est l’une des principales causes de décès dans le groupe d’âge des 15 à 19 ans dans les pays riches -- ; la Lituanie est suivie par la Nouvelle-Zélande et l’Estonie.
- Santé physique: la proportion des enfants souffrant d’obésité et de surpoids a augmenté ces années passées. Près d’un enfant sur trois dans les pays examinés est obèse ou en surpoids. L’augmentation est particulièrement forte en Europe du Sud. En Suisse, la proportion atteint presque 22 pour cent. Dans plus d’un quart des pays riches, la mortalité infantile chez les enfants de cinq à 14 ans est d’un pour 1000. En Suisse, elle est de 0,7 pour 1000.
- Compétences sociales et intellectuelles: près de 40% de tous les enfants des pays de l’UE et de l’OCDE n’ont pas acquis les compétences de base en lecture et en calcul à l’âge de 15 ans. Ce sont les enfants de Bulgarie, de Roumanie et du Chili qui s’en sortent le moins bien; ceux qui s’en sortent le mieux sont les filles et les garçons en Estonie, en Irlande et en Finlande. Dans la plupart des pays, un enfant sur cinq est peu confiant dans sa capacité sociale de trouver de nouveaux amis. Ce sont les enfants du Chili, du Japon et d’Islande qui sont le moins confiants à ce sujet. En Suisse, près de 79 pour cent des filles et des garçons affirment qu’il leur est facile de nouer des liens d’amitié.
Le rapport de l’UNICEF fait aussi état de progrès sensibles pour les enfants. En moyenne, 95 pour cent de tous les enfants d’âge préscolaire fréquentent des structures d’encouragement de la petite enfance organisées. Le nombre des jeunes qui ne fréquentent aucune école, ne suivent pas de formation ou ne participent pas à un programme spécifique a diminué dans 30 des 37 pays. L’UNICEF considère cependant que ces progrès importants sont menacés par le Covid-19. Le rapport évalue aussi les pays en fonction des mesures politiques pour encourager le bien-être des enfants, de leur situation économique et sociale ainsi que des conditions environnementales. Ce sont la Norvège, l’Islande et la Finlande qui offrent en cela les conditions les meilleures, puis l’Allemagne. La Turquie, le Mexique et la Grèce s’en sortent le moins bien.
Facteurs de stress élevés pour les enfants en raison du Covid-19
En raison de la pandémie du Covid-19, la plupart des pays examinés ont fermé les écoles pour plus de 100 jours et appliqué des mesures de confinement strictes. L’UNICEF met en évidence le stress subi par les enfants en raison de la pandémie. Il convient de citer la perte de proches et d’amis, la peur, les restrictions concernant les sorties, le manque de soutien, les fermetures d’écoles, l’équilibre du travail et de la vie privée dans les familles, l’accès insuffisant aux soins de santé ainsi que les pertes de revenu et d’emploi. Ces facteurs de stress peuvent causer d’énormes préjudices aux enfants; ils mettent en danger leur santé et leur développement psychiques et physiques. Avant le début de la pandémie de Covid-19, 20 pour cent des enfants étaient menacés par la pauvreté dans les pays de l’UE et de l’OCDE; en Suisse, la proportion atteignait 19 pour cent. Avec le fort recul des performances économiques attendu ces deux prochaines années dans presque tous les pays examinés, beaucoup des enfants menacés par la pauvreté risquent de plonger dans la pauvreté si les gouvernements ne prennent pas rapidement des mesures pour l’empêcher. «Si les conséquences de la pandémie se répercutent de plus en plus fortement sur l’économie, la formation et la vie collective, elles auront des effets destructeurs sur le bien-être des enfants d’aujourd’hui, de leurs familles et des sociétés dans lesquelles ils vivent si l’on ne prend pas des mesures de prévention concertées», affirme Gunilla Olsson, directrice du centre de recherche Innocenti de l’UNICEF. «Mais ces risques peuvent très bien être écartés si les gouvernements agissent avec détermination pour protéger le bien-être des enfants.»
Se fondant sur les résultats du rapport et l’évolution actuelle, l’UNICEF appelle à prendre les mesures suivantes:
- Les inégalités de revenu et la pauvreté enfantine doivent être combattues avec détermination pour que tous les enfants aient accès aux ressources dont ils ont besoin.
- L’insuffisance des offres disponibles pour venir en aide dans le domaine de la santé psychique doit être comblée le plus rapidement possible.
- Les stratégies politiques visant à améliorer les possibilités de concilier famille et profession doivent être développées; il s’agit en particulier d’étendre l’accès à des structures d’accueil de la petite enfance de haute qualité, souples, à un prix abordable.
- Il y a lieu de renforcer la protection des enfants contre les maladies évitables; la tendance au recul des taux de vaccination contre la rougeole doit être inversée.
- Les mesures Covid-19 en faveur des familles et des enfants doivent être améliorées. Les budgets qui favorisent le bien-être des enfants doivent être protégés contre les mesures d’économie.
A propos du Bilan Innocenti
Le rapport «World of Influence» prend appui sur des études précédentes concernant le bien-être des enfants dans les pays industrialisés, publiées dans les Bilans Innocenti 11 (2013) et 7 (2007).
A télécharcher:
A propos du Centre Innocenti de l’UNICEF
Le Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF fait partie de l’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance. Il effectue des recherches sur des questions émergentes ou actuelles en lien avec les conditions de vie des enfants. L’objectif est de fournir des informations utiles à l’orientation stratégique des programmes en faveur des enfants et de lancer la discussion dans le monde sur les droits de l’enfant et leur évolution
Contact pour les médias
Jürg Keim
Attaché de presse
UNICEF Suisse et Liechtenstein
Tél. 044 317 22 41
E-mail: media(at)unicef.ch