En Syrie et en Irak, 38 cas de polio ont été confirmés. L’UNICEF a réagi à cette situation et réalisé une campagne de vaccination d’une ampleur sans précédent. Après la clôture de la première étape, l’UNICEF dresse le bilan dans un rapport publié aujourd’hui.
En collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé OMS, l’UNICEF a publié un nouveau rapport sur le foyer de polio en Syrie et les pays voisins. Ce rapport est publié alors que la première étape d’une gigantesque campagne de vaccination au Proche-Orient vient de s’achever.
C’est en octobre dernier que le premier cas de polio depuis 1999 a été confirmé en Syrie. Aujourd’hui, 38 cas sont connus: 36 en Syrie et 2 en Irak. L’UNICEF et ses organisations partenaires ont réagi rapidement et à grande échelle. En l’espace de quelques jours, le vaccin salvateur a été administré à 60 000 enfants.
La polio, une conséquence directe de la guerre civile
La polio est restée longtemps un ennemi oublié au Proche-Orient. Mais en raison de la guerre civile qui perdure, elle a opéré son retour. Le virus ne se soucie ni des frontières ni des check-points et peut se propager à grande vitesse. Il y a quelques années encore, la Syrie possédait un système de santé très développé. L’éclatement de la guerre civile a détruit les infrastructures de la santé et a créé en outre des conditions propices à la propagation du virus: des milliers d’employés du domaine de la santé ont quitté le pays et ne travaillent plus dans ce domaine. Les déplacements des réfugiés favorisent la circulation du virus. Dans les abris provisoires qui accueillent les personnes chassées de chez elles, les conditions d’hygiène sont souvent catastrophiques.
Les chiffres suivants sont impressionnants et suffisamment éloquents:
Depuis octobre 2013, l’UNICEF a
- mis à disposition 105 millions de doses de vaccin contre la polio
- assuré la vaccination de 25 millions d’enfants de moins de 5 ans en Syrie, au Liban, en Jordanie, en Irak, en Turquie, en Iran, en Palestine et en Egypte
- procuré 13 819 glacières pour garantir le transport correct des vaccins
- fourni 544 congélateurs
Une opération menée à bien dans des conditions difficiles
L’UNICEF a pu compter en cela sur l’extraordinaire dévouement de 7143 auxiliaires de santé. 2563 d’entre eux se déplacent dans le cadre d’équipes itinérantes et sont exposés à des dangers et à des obstacles importants. Un auxiliaire de santé de la province de Deir Ezzor dans le Nord-Est de la Syrie témoigne: «Une attaque aérienne survenue en mai de l’an dernier a détruit le pont qui relie les deux rives du fleuve. Maintenant, les trois autres auxiliaires de santé et moi, nous traversons le fleuve en bateau pour atteindre les enfants de l’autre côté.»
Actuellement, 765 000 enfants de moins de 5 ans vivent en Syrie dans des régions inaccessibles. L’auxiliaire de santé poursuit: «En Syrie, il y a en ce moment des villages qui sont coupés du monde car il y a tous les jours des combats. Pendant les deux dernières campagnes de vaccination, nous n’avons pas pu atteindre de nombreux enfants dans la région du Nord de l’Euphrate. Mais nous n’abandonnerons pas la partie. Nous continuons d’insister pour avoir accès à tous les enfants syriens, quel que soit l’endroit où ils se trouvent.»
Pas de «mission impossible»
Ce nouveau rapport montre aussi que l’éradication de la polio dans cette région n’est pas une mission impossible. C’est pourquoi les auteurs réitèrent la demande de mettre fin immédiatement à la violence, d’assurer un accès illimité et sûr aux équipes humanitaires et aux équipements médicaux dans toutes les régions et de garantir le financement des futures campagnes de vaccination.